Accueil Culture   Télécritique: Après toi, fiston Moez, adieu «Belmakchouf»

  Télécritique: Après toi, fiston Moez, adieu «Belmakchouf»

Le rideau vient de tomber sur la grille ramadanesque, jugée moyenne, pour être indulgent. Pour se rouvrir sur la grille normale, rien que pour quelques semaines, en attendant que la grille estivale prenne le relais.

«Força Tunisia!»

Toutes les chaînes publiques et privées viennent de s’y mettre et préparent de la meilleure façon la couverture de la CAN, ce «great event footballistique africain». Les Aigles de Carthage, grâce à un groupe d’individualités en or, rarement réunies, seront demain aux prises avec l’Angola. Et semblent à l’unisson déterminés à aller, cette fois-ci, au-delà du carré d’as et à nous mettre du baume au cœur. A priori, la Nationale «une», côté couverture, semble imbattable dans cette course effrénée, et la mieux outillée pour damer le pion à toutes nos chaînes privées. D’abord, par l’importance de son potentiel humain de haute facture. Puisque l’équipe de Razi Ganzoui est constituée d’une pléiade d’analystes d’envergure internationale tels que Khaled Hosni, Mourad Zghidi, Fahmi Barhoumi et Nader Werda.

«Chez Razi, ta place est bien méritée»

Tenez, à propos du brave confrère Razi, une petite remarque me tient à cœur et voilà que l’occasion se présente pour la sortir du fond du cœur. Razi continue à prouver qu’il mérite largement sa place de chef d’orchestre de «Dimanche Sports». Contrairement aux allégations des mauvaises langues prétendant, que, sous le régime de Ben Ali, l’homme avait occupé le poste d’une manière complaisante et l’a «spoliée» à travers l’influence de l’un des barons du régime alors en place. Et voilà que le déclin du père n’a rien changé pour le fils. Qui a tôt fait de se remettre sur pied et de se réimposer pour exceller et briller de mille feux, à l’instar de ses grands prédécesseurs s’étant relayés dans l’animation de «Dimanche Sports». J’en citerais, entre autres, le pionnier Raouf Ben Ali, Hichem El Khalsi, Houcine El Oued, feu Mohamed El Meddeb, Ridha El Oudi, etc.

Une «exportation» fructueuse

D’ailleurs, une  pléthore de nos figures médiatiques, ayant fait si bonne figure, ne cesse depuis voilà belle lurette, d’enrichir notoirement le paysage médiatique arabe faisant le bonheur des plateaux de plus d’une chaîne telles que El Jazira, beIN Sports, El Arabia, BBC, El Mayadin, France 24, El Hiwar, etc.

Ce qui fait notre fierté et sert d’une manière ou d’une autre nos intérêts, et fait d’eux de dignes ambassadeurs du pays.

Cela dit, l’on pourrait s’attendre à ce que Carthage+, forte de son manitou, Moez Ben Gharbia, puisse nous réserver une belle surprise.

Un 4×4 tout terrain !

Parce que le bonhomme, que j’ai eu le bonheur de suivre avec admiration depuis ses premiers pas à Canal+, n’a de cesse de faire des merveilles. S’agissant d’un «vieux» renard, d’un sportif jusqu’à la moelle et d’un jocker toujours gagnant. Sa polyvalence lui a parfaitement valu le qualificatif  de véhicule 4×4, tout terrain, aux freins ABS!

Ah si fiston Moez,  qui avait claqué la porte de Hannibal TV, après s’être vu refuser l’animation de «Belmakchouf» en direct, nous rééditait l’exploit de «Belmakchouf» en baptisant la même émission sous un autre intitulé. Ceci tout en réunissant les mêmes figures de renom, qui continuent  à crever l’écran.

Adel Bouhlel finit par convaincre

Cela dit, l’occasion est propice pour faire un zoom sur «Belmakchouf» dans sa version actuelle et nous attarder sur le déclin que cette émission a connu surtout après la révolution.

Je dois d’emblée avouer, sans faire d’entorse à l’honnêteté intellectuelle, que mon brave confrère Adel Bouhlel, ayant directement pris le témoin à Moez Ben Gharbia, n’a pas été si décevant. Après un mauvais démarrage, il a fini par donner satisfaction.

Aux antipodes !

Si, au départ, Adel a été assez mal admis, c’était à cause de la différence de manières et de style adoptés par l’un et l’autre, dans la direction des débats. Des manières étant aux antipodes. Moez ayant été, comme à son habitude dans toutes ses émissions (d’ordre sportif, social et politique) énergique à revendre, mettant toujours de la flamme sur le plateau et une immense dose de vivacité. Tandis que Adel est d’une nature calme, douce et sereine, opposée à celle d’une émission, si ouverte aux débats enflammés. Cette différence de tempéraments si frappante, lors de la brusque passation, a été de moins en moins ressentie au fil des émissions par le téléspectateur, finissant par s’y accommoder, s’y plaire et apprécier l’intéressé. D’autant que celui-ci a de plus en plus pris le pli… et maîtrisé son métier. D’ailleurs Adel Bouhlel a excellé dans la série d’émissions baptisées «l’interview» à Hannibal TV, à travers la conduite avec brio de ses entretiens et le bon choix de ses invités. Ce coup d’éclat a tôt fait de lui valoir une place centrale à «Ettassia», moyennant certainement une offre juteuse et bien loin de celle de son bercail et de sa chaîne d’origine, visiblement en baisse de régime due à une trésorerie trébuchante et suivant une courbe descendante…

Pour leur part, et malgré le respect que je dois à tous mes confrères, sans exception aucune, le passage de Mondher Jebniani et Labib Sghaïer m’a semblé quelconque, pour ne pas être sévère.

Du bol d’oxygène au ras-le-bol !

Quant à Chaker El Kanzari, conduisant à présent «Belmakchouf», il est loin de faire l’affaire. Son déficit de charisme, de rayonnement, de présence sur le plateau, sa manière brouillonne de diriger les débats y sont pour quelque chose. Et puis, à vrai dire, l’animation ne s’apprend pas à l’école. Il s’agit d’une âme, dirait-on, née pour cela. C’est un don inné dans la personne en tant  que cadeau du ciel!

Ajoutez à cela que le monsieur n’a pas été du tout gâté par les circonstances d’après-révolution. Et puis, convenons-en, la valeur, l’intérêt et la popularité de «Belmakchouf» se sont trouvés, du coup, écornés.

Après avoir été un bol d’oxygène à une époque où rien n’était «makchouf», et où tout le beau monde étouffait, «Belmakchouf» ne mérite plus son nom et n’a plus de mordant, pour ne pas dire plus.

L’on a fini par souffrir, par ces temps de «liberté chérie», d’une overdose de «makchouf».

Et, le ravissant bol d’oxygène s’est relégué en un exaspérant ras-le-bol !

Crédit Photo: celebrity.tn

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